21/6/2024
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Un médecin généraliste montre une échographie à une patiente
Echographie clinique

Intégration de l’échographie clinique en médecine générale

L'échographie clinique est un outil diagnostique qui a révolutionné la pratique médicale ces dernières décennies. En plus des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la Société internationale d'échographie en médecine d'urgence (SIUM), une étude danoise parue en 2020 dans le British Medical Journal affirme que l'utilisation de l'échographie au chevet du malade (Point-of-care ultrasound ou POCUS, en anglais) en médecine générale permet de modifier les diagnostics provisoires dans près de la moitié (49,4%) des consultations. Ceci prouve son impact significatif sur les processus de diagnostic et l’intérêt d’intégrer cette technique d’imagerie dans sa pratique quotidienne.

L'échographie clinique se distingue de l'échographie traditionnelle réalisée par un radiologue. En effet, alors que cette dernière consiste en un examen approfondi et détaillé d'une zone spécifique du corps, souvent demandé par un médecin généraliste, l'échographie clinique est une extension de l'examen physique. Elle est réalisée par le généraliste lui-même, au cours de la consultation, afin de répondre à une question clinique précise et d'orienter la prise en charge du patient.

Pour un médecin généraliste, l'échographie clinique présente un intérêt tout particulier. En effet, il est souvent le premier interlocuteur du patient dans le parcours de soins. Il est donc amené à prendre des décisions rapides et éclairées quant à l'orientation et la prise en charge de son patient. L'échographie clinique, en fournissant des informations diagnostiques immédiates, peut ainsi faire toute la différence dans sa pratique quotidienne.

Faire un “coup d’écho” comme on fait un “coup de stétho”

L'échographie clinique peut s'avérer particulièrement utile dans de nombreux tableaux cliniques rencontrés en médecine générale.

Tout d'abord, elle peut aider à éclaircir des symptômes non spécifiques, tels que des douleurs abdominales ou thoraciques, qui peuvent être le signe de nombreuses pathologies différentes. En permettant la visualisation directe les organes concernés, l'échographie clinique aide ainsi à orienter le diagnostic et éviter des examens complémentaires inutiles.

Ensuite, elle peut aider à confirmer ou infirmer un diagnostic suspecté sur la base des  antécédents du patient et de l'examen clinique. Par exemple, en cas de suspicion de pneumonie, l'échographie clinique peut révéler la présence d'un épanchement pleural ou des signes échographiques en faveur d'une inflammation pulmonaire, renforçant ainsi la probabilité diagnostique.

Enfin, elle peut aider à déterminer la gravité d'une pathologie et à orienter le patient vers un service offrant la prise en charge la plus adaptée. Par exemple, en cas de douleurs abdominales aiguës, l'échographie clinique peut révéler des signes d’irritation péritonéale, d'appendicite aiguë ou d’occlusion intestinale, nécessitant une prise en charge chirurgicale urgente.

Tableaux cliniques où l'échographie clinique peut faire toute la différence

L'échographie clinique en médecine générale peut être utilisée pour diagnostiquer un large éventail de pathologies: 

  • Les épanchements : qu'ils soient pleuraux, péritonéaux ou péricardiques, les épanchements sont facilement visualisés à l'échographie et peuvent orienter vers une pathologie sous-jacente.
  • La dilatation des cavités pyélocalicielles : en cas de suspicion de colique néphrétique, l'échographie clinique peut révéler une dilatation des cavités pyélocalicielles, signe d'une obstruction sur les voies urinaires hautes entre le(s) rein(s) et la vessie.
  • La phlébite : en évaluant la compressibilité des veines des membres inférieurs, l'échographie clinique peut diagnostiquer une phlébite et orienter la prise en charge thérapeutique.
  • Le diagnostic d’un globe vésical : en cas de rétention urinaire aiguë, l'échographie clinique peut mesurer directement le volume de la vessie et orienter la prise en charge thérapeutique.
  • L'anévrisme de l'aorte abdominale : en cas de suspicion d'anévrisme de l'aorte abdominale, l'échographie clinique peut confirmer le diagnostic, évaluer la taille de l'anévrisme, et aiguiller le praticien vers la prise en charge adéquate (surveillance ou chirurgie).
  • Le signe de la cholécystite : en cas de douleurs abdominales aiguës, l'échographie clinique peut révéler la présence d'une cholécystite aiguë, nécessitant une prise en charge médicale ou chirurgicale.
  • L'affirmation d'une grossesse intra-utérine : en cas de suspicion de grossesse, l'échographie clinique peut confirmer la présence d'un sac gestationnel intra-utérin, voire dater la grossesse (selon la finesse et les fonctionnalités de l’échographe).
  • Les nodules thyroïdiens : en cas de suspicion de pathologie thyroïdienne, l'échographie clinique peut révéler la présence de nodules thyroïdiens, nécessitant une prise en charge spécifique.

Se former à l'échographie clinique en tant que généraliste

La formation à l'échographie clinique est un investissement, mais elle peut s'avérer extrêmement bénéfique pour la pratique quotidienne du médecin généraliste.

De nombreuses formations à l'échographie clinique sont disponibles, allant de cours en ligne à des formations en présentiel, en passant par des stages pratiques. Il est important de choisir une formation qui soit adaptée à ses besoins et à sa disponibilité.

La durée de la formation à l'échographie clinique peut varier considérablement selon le niveau de chacun, allant de quelques heures à plusieurs semaines. Cependant, il est généralement admis qu'une formation de base comprend une séance théorique relativement courte, suivie de sessions pratiques sur plusieurs semaines. Pendant ces sessions, le médecin est invité à faire des coupes sur lui-même ou un pair (co apprenant), puis à intégrer cette technique au cabinet, dans un premier temps en mode test. Généralement, au bout de quelques semaines de pratique régulière, les praticiens se sentent suffisamment confiant pour l’adopter en tant qu’outil diagnostic.

Enfin, il peut être intéressant d'investir dans un échographe ultraportable couvrant l’essentiel des besoins pour un diagnostic d’orientation efficace. echOpen O1, par exemple, est un échographe ultra portable développé au sein de l’AP-HP pour permettre aux généralistes de s’initier à l'échographie clinique directement au cabinet médical, sans avoir à investir dans un appareil encombrant et dispendieux. Cet outil, en plus d'être pratique et facile à utiliser, peut également servir de support de formation et d'auto-évaluation.

Conclusion

L'échographie clinique est un outil diagnostique de plus en plus utilisé en médecine générale, qui peut faire toute la différence dans votre pratique quotidienne. En fournissant des informations immédiates et en orientant la prise en charge thérapeutique dès le premier rendez-vous, elle peut considérablement améliorer la satisfaction de vos patients et leur compréhension de leur état de santé.

La formation à l'échographie clinique est, certes, un investissement, mais elle peut s'avérer extrêmement bénéfique à long terme. En choisissant une formation adaptée à ses besoins et en investissant dans un échographe ultraportable, tout médecin généraliste peut intégrer l'échographie clinique dans sa pratique quotidienne et améliorer ainsi la qualité des soins qu'il prodigue.